Pour commencer le premier épisode d'une nouvelle proposée dans un atelier d'écriture de Télérama il y a quelques années. Il s'agissait d'un texte de 2000 signes avec des mots imposés. J'ai oublié lesquels et biensur je ne les ai pas noté (paresse quand tu me tiens !). Le tout devait imiter le style de Dumas.
Les ducs de Parnes
1 Ce qu'un abbé trouva dans les marais
« Peste soit de ce fichu métier ! » L’homme qui jurait ainsi était un drôle d’olibrius du nom de Vifron. Grand, sec, jeune, cheveux filasses et noirs, il pataugeait rageusement dans les marais de Flévoir.
Il était bien tard pour s’activer dans un tel lieu. De surcroît, sa robe de prêtre l’incommodait grandement.
Il avait endossé la soutane voilà quelques années, au monastère de Doucin, placé là par le Duc de Parnes pour lequel il espionnait. Ce dernier aimait fort avoir des hommes à lui disséminés dans son duché.
D’une paresse peu commune, notre hère pensait avoir trouvé là un moyen reposant de gagner sa vie. Il n’avait pas son pareil pour paraître occupé. Il faisait en tout et pour tout un rapport par mois dans lequel il ne racontait rien hormis diverses fables fort bien contées, mais invérifiables. En retour, il avait obtenu du duc que ses supérieurs de clergé ne l’afflige d’aucune corvée.
Et voilà qu’il avait reçu une lettre portant le sceau du duc et qui lui ordonnait de rencontrer un agent à minuit dans le marais de Flévoir. Ne pouvant se dérober à cette obligation, notre homme s’y rendit donc. Il sursauta lorsqu’une jeune femme nue sortit de la pénombre et se mit à danser. Il crut avoir franchi par mégarde quelque porte des enfers. Elle avança vers lui pareille à un démon tentateur, se déhanchant lentement, malgré la boue. Vifron restait bouche bée, ensorcelé. Lentement, il sortit de sa torpeur. C’était à coup sûr l’agent qu’il devait rencontrer. Mais pourquoi était-elle nue et pourquoi dansait-elle ? Il y réfléchirait plus tard. C’était incongru, certes, mais pas plus que d’être en bure après tout.
« N’avez -vous point un message pour moi ? » En guise de réponse, elle prit entre ses seins un petit pendentif, l’ouvrit et en sortit un minuscule papier qu’elle lui tendit.
« Lisez à voix haute et sonore. » roucoula-t-elle. Intrigué et pressé de connaître le fin mot de l’histoire, il s’exécuta donc, portant la lettre à la lueur de sa torche. Sa voix résonna lugubrement dans les marais.
« Par la volonté des forces des ténèbres, je jure fidélité à Satan, je … Qu’est-ce que ? »
Au même moment, des ombres ténébreuses surgirent des alentours et hurlèrent : « Hérésie ! Sorcellerie ! Au bûcher les suppôts de Satan ! » Horrifié, Vifron réalisa qu’il avait été piégé. Il n’eut pas le temps d’en comprendre davantage. Déjà s’abattait sur lui la masse des ombres furieuses.